En 2024, environ 27,2 millions de patients en France ont reçu au moins une prescription d’antibiotiques au cours de l’année. Cela représente près de 40 % de la population. La consommation en secteur de ville s’élève à 22,1 doses définies journalières (DDJ) pour 1000 habitants et par jour, soit une augmentation de 5,4 % par rapport à 2023. En termes de prescriptions, le chiffre atteint 860 pour 1000 habitants par an, en hausse de 4,8 % par rapport à l’année précédente.
Cette augmentation de la consommation d’antibiotiques a été rapportée par Santé publique France, à l’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens, qui s’est tenue du 18 au 24 novembre 2025. Après une baisse importante en 2020, due aux confinements liés à la pandémie, puis des fluctuations entre 2021 et 2023, l’année 2024 montre une reprise. La reprise s’explique en partie par le retour des consultations et une circulation plus importante des infections hivernales comme la grippe, la bronchiolite ou la coqueluche. La consommation d’antibiotiques reste en effet très saisonnière, avec des volumes plus élevés en hiver et plus faibles en été.
Qui consomme le plus d’antibiotiques ?
Selon Santé publique France, cette hausse ne concerne pas tout le monde de la même manière. Les femmes représentent 57,5 % des prescriptions, alors qu’elles constituent 51,6 % de la population. Chez les 15-64 ans, la consommation est plus élevée chez les femmes (25,6 DDJ) que chez les hommes (18,9 DDJ) en 2024. À partir de 65 ans, c’est l’inverse : la consommation est plus importante chez les hommes, probablement en raison de traitements plus longs pour certaines infections.
Chez les enfants, la consommation a fortement diminué sur la dernière décennie. La utilisation en DDJ des moins de 5 ans a baissé de 17,8 % entre 2014 et 2024.
En ce qui concerne les types de médicaments, on note une forte baisse des quinolones, avec une diminution de 48,2 % entre 2014 et 2024. Par contre, la consommation de pénicillines à large spectre, notamment l’amoxicilline, a augmenté de 29,4 % sur cette période. Les macrolides, quant à eux, ont repris leur hausse depuis 2020, en lien avec des épisodes épidémiques et des tensions d’approvisionnement.
Quelles régions consomment le plus d’antibiotiques ?
Le rapport de Santé publique France met en évidence d’importantes disparités régionales. La Corse, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Nord-Pas de Calais affichent les niveaux les plus élevés de consommation en DDJ et en prescriptions. À l’inverse, des régions comme la Bretagne, les Pays de la Loire, l’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que certaines régions d’Outre-Mer, présentent des taux plus faibles.
Entre 2014 et 2024, certaines régions ont enregistré une baisse notable de leur consommation, jusqu’à -9,5 % en Île-de-France. D’autres, comme la Corse, ont connu une hausse de près de 17,5 %. Ces différences peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs : accès aux soins, densité médicale, contexte épidémiologique local ou encore facteurs socio-économiques.
Le principal enjeu lié à cette consommation accrue est la résistance aux antibiotiques. En effet, une utilisation excessive ou inappropriée favorise l’émergence de bactéries résistantes, rendant certains traitements inefficaces et augmentant le risque de complications.
Comment réduire la consommation d’antibiotiques ?
Les experts recommandent de raccourcir la durée des traitements pour les infections courantes. Par exemple, réduire de 10 à 6 jours la durée de l’amoxicilline pour une angine à streptocoque, de 3 à 1 jour pour une cystite simple, ou de 7 à 5 jours pour une pneumonie non grave. Ces mesures permettraient de réduire la quantité totale d’antibiotiques utilisée tout en maintenant leur efficacité.
Ils conseillent également aux patients de :
- Se demander si un antibiotique est réellement nécessaire, car de nombreuses infections respiratoires ont une origine virale et ne nécessitent pas de traitement antibiotique.
- Respecter strictement la durée de traitement prescrite et ne pas conserver d’antibiotiques « au cas où ».
- Se faire vacciner contre la grippe et adopter des gestes barrières, afin de limiter la circulation des infections et, par conséquent, la demande d’antibiotiques.








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