Une contamination préoccupante de tétines par un produit chimique nocif
L’association de consommateurs tchèque dTest a révélé que plusieurs marques de tétines pour bébés sont contaminées par un produit chimique dangereux pour la santé des enfants. Parmi les marques concernées figurent Philips, Curaprox, et Sophie La Girafe.
Après des analyses en laboratoire, l’association affirme avoir retrouvé des traces de bisphénol A (BPA) sur plusieurs tétines, en contradiction avec les informations communiquées lors de leur vente. Le BPA est un produit chimique synthétique utilisé dans la fabrication de plastiques, considéré comme potentiellement nocif.
Les risques liés au bisphénol A
Selon l’association Chem Trust, le BPA peut avoir des effets graves sur la santé. Il est lié à un risque accru de cancers du sein et de la prostate, d’endométriose, de maladies cardiaques, d’obésité, de diabète, et d’altérations du système immunitaire. Il peut également perturber la reproduction, le développement cérébral et le comportement.
Ce composé chimique a une structure similaire à celle de l’œstrogène, une hormone féminine. Chez les jeunes enfants, une exposition précoce peut entraîner une diminution du nombre de spermatozoïdes chez les garçons ou une puberté précoce. Les enfants, en pleine croissance, sont particulièrement vulnérables à ces perturbations, car leurs organes sont encore en développement. Les perturbateurs endocriniens peuvent agir même à de très faibles concentrations.
Une étude révélatrice
Les chercheurs ont testé 19 tétines provenant de plusieurs pays européens, ainsi que deux achetées en ligne. Après immersion dans une solution de salive artificielle à 37°C pendant 30 minutes, ils ont analysé les extraits pour détecter la présence de BPA.
Les résultats ont montré que quatre tétines contenaient du BPA. La sucette Curaprox « Baby Grow with Love » présentait une concentration de 19 microgrammes par kilogramme. La marque a confirmé ces résultats et a indiqué avoir été surprise. Elle a décidé de retirer ces produits du marché et de proposer un remboursement.
Quant à la tétine Sophie La Girafe, commercialisée comme étant en « caoutchouc naturel », elle contenait 3 microgrammes de BPA par kilogramme. D’autres tétines, notamment celles de Philips et Temu, présentaient des teneurs plus faibles, de 2 microgrammes par kilogramme.
Les réponses des marques
Philips a indiqué avoir réalisé des analyses ultérieures et n’avoir retrouvé aucune trace de BPA. La société Sophie La Girafe a justifié la présence de BPA par une quantité « insignifiante ».
Une réglementation européenne ambivalente
La législation européenne fixe des limites pour la migration du BPA depuis les tétines. La norme EN1400 limite cette migration à 10 microgrammes par kilogramme, tandis que la directive sur la sécurité des jouets autorise jusqu’à 40 microgrammes.
Le porte-parole de Vulli, la marque derrière Sophie La Girafe, a rappelé que la société ne commercialise plus de tétines et affirme que ses produits respectent la réglementation en vigueur. Il a également souligné que le seuil de détection en laboratoire est de 0,01 mg/kg, soit 10 microgrammes, ce qui est supérieur aux quantités détectées lors des analyses.
Une problématique de protection des enfants
Malgré l’interdiction totale du BPA dans les biberons depuis 2011, la présence dans les sucettes soulève des questions. Les associations dénoncent une incohérence, d’autant que les bébés utilisent ces produits de manière plus longue et plus intensive.