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Une méthode simple pour réduire les symptômes dépressifs : l’écriture

Chaque jour, nous utilisons les mots pour exprimer nos pensées et nos sentiments. Que ce soit par un SMS, une liste de courses ou une rédaction plus élaborée, l’écriture permet de laisser une trace de ce que l’on ressent ou pense. Au-delà d’un simple geste, l’écriture devient un véritable outil thérapeutique, appelé « écriture expressive » et utilisé par de nombreux professionnels de la santé mentale.

Cette approche a été principalement développée par James W. Pennebaker à la fin des années 1980. Elle consiste à écrire sur ses émotions face à un événement, qu’il soit positif, négatif ou traumatisant. L’objectif est de faire état des sentiments associés à cet événement, ce qui pourrait aider à réduire les troubles dépressifs.

L’écrit, un remodelage du cerveau

Emily Ronay Johnston, professeure à l’Université de Californie à Merced, spécialisée en écriture, explique comment cette pratique influence le cerveau. Selon elle, l’écriture expressive peut favoriser un mieux-être psychologique en modifiant certains mécanismes cérébraux.

Se libérer des traumatismes par l’écriture

« L’écriture est un moyen de traduire les émotions en mots », résume l’écrivain John Green, connu pour ses romans comme « Nos étoiles contraires ». Chez les jeunes, écrire dans un journal intime est une façon de canaliser leur colère, leur tristesse ou leurs doutes. La trace laissée sur le papier donne une voix à ce qui est invisible. Elle permet aussi de prendre du recul en relisant ses notes, une étape utile pour mieux gérer ses décisions.

Selon l’experte, écrire permet de remémorer des souvenirs et de planifier leur traitement. Ce processus sollicite les zones du cerveau liées à la mémoire et à la prise de décision. En reformulant ses expériences douloureuses, on apprend à mieux gérer ses émotions. L’écriture allège ainsi le poids de l’angoisse, en permettant d’observer ses sentiments sans se laisser submerger, tout en favorisant la connaissance de soi-même.

Une thérapie qui incite à l’action

Une fois ses émotions mises par écrit, il est conseillé de passer à l’action. Emily Ronay Johnston précise que nommer ses sentiments sur le papier « apaise l’amygdale », un groupe de neurones qui détecte les menaces et déclenche la peur. Cela active aussi le cortex préfrontal, impliqué dans la résolution de problèmes et la fixation d’objectifs.

En écrivant, on donne à son cerveau les moyens de réagir. Même de petites tâches, comme faire une liste de choses à faire, stimulent des régions du cerveau responsables du raisonnement et de la décision. C’est pourquoi cette méthode est souvent recommandée aux personnes sujettes aux crises d’angoisse ou incapables de surmonter leurs peurs.

Comment intégrer cette pratique dans la vie quotidienne ?

Pour optimiser cette thérapie, la professeure conseille plusieurs astuces :

  • Privilégier l’écriture à la main : écrire manuellement demande plus de coordination cognitive. Cela ralentit la pensée, ce qui permet de mieux traiter l’information et de donner du sens à ses écrits.
  • Écrire tous les jours : instaurer une habitude régulière, même avec de courtes notes, aide à clarifier ses idées et à réduire les ruminations mentales.
  • Noter avant de réagir : face à une émotion forte, il est utile de la noter d’abord. Garder un carnet à portée de main facilite la réflexion et évite de réagir impulsivement.
  • Rédiger une lettre invisible : écrire une lettre à la personne ou à la situation qui nous préoccupe, sans forcément l’envoyer, permet d’exprimer ses sentiments en toute liberté.
  • Relire ses textes sous un autre regard : adopter une nouvelle perspective lors de la relecture aide à mieux comprendre sa propre pensée et à renforcer la confiance en soi.

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